Les Sirènes de Bagdad, de Yasmina Khadra, livre qui hante, pendant, après la lecture. Mots qui s’accrochent, images qui s’imposent. Logiques, que l’auteur décortique, analyse, fait exploser, qui nous remettent en question, qui mettent en lumière des réalités que l’on occulte, plus ou moins volontairement, que l’on tait, parce que les admettre nous est insupportable.
Regards crus et implacables sur la manière dont la haine s’installe, entraînant un être que rien ne prédisposait à la violence dans la spirale de la destruction. Au nom d’une humiliation profonde, de l’honneur du père bafoué ; au nom d’un enfant qui tombe sous les balles, d’un mariage qui finit dans un bain de sang. Khadra ne légitime rien, ni n’excuse. Khadra regarde et nous fait regarder. Khadra nous laisse réfléchir… Certes la rhétorique nous broie, nous fait parfois manquer d’air, à l’image de Bagdad, qui nous coupe le souffle, à l’image des harangueurs, quelques soient leurs bords.
Perdue dans une ruelle labyrinthique de Tropea. Ciel chargé, lumière particulière, qui rendait plus particulière encore cette cité, vestige de splendeurs passées, aux murs gorgés d’humidité, qui ne pouvait masquer sa lente chute, aseptiser une atmosphère de décomposition. Je n’ai pu faire taire les images du Parfum, ni les mots de Patrick Süskind, lors du premier regard, et de tous ceux qui ont suivi, sur cette insolite et belle petite ville calabraise. Je cherchais en vain un stylo, un semblant de papier. Besoin d’écrire, tenace, persistant. Comme une morsure.