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Jérusalem, 1er novembre 2002

Lors de la rédaction de mon petit post du 20 février, Al Kahlil, je pensais, naïvement sans doute, que mes lettres et mails pourraient, tels quels, offrir une mise en abîme; porter un éclairage sur des mécanismes anciens, qui se répètent, amères circonvolutions ; souligner des positions qui se rigidifient, en fonction du contexte politique, des enjeux. C’était oublier à quel point ils comportaient leur propre censure, écrits, pour la plupart, à mes parents, à qui je ne voulais, pouvais, tout dire. Échappatoires également parfois, me permettant de raconter des petits rien, et gommer, plus ou moins consciemment, les grands touts. Fuites, tentatives d’oubli, d’abstraction, pour me focaliser sur de petits moments « essentiels », qui pouvaient, peuvent, sembler insignifiants, mais qui me permettaient de mettre un peu de sens, ou d’espoir. Indispensable nécessité de revenir à l’échelle humaine, individuelle; à l’évènement isolé.

Il y a en effet bien plus de choses tues et de silences, que de réelles descriptions, voir d’analyses. Lacunaires, à trous et autres ellipses, en demi teintes… Les réalités auxquelles elles se rattachent sont cependant encore pregnantes; réactivées intensément lorsque l’actualité s’embrase; en embuscade également, émergeant, éparses, sans que je puisse toujours identifier les déclencheurs. Je tente quand même la retranscription fidèle, mais partielle, avec, en écho, une indispensable contextualisation, par le biais d’articles de presse, de souvenirs non partagés alors, de photos et de croquis.