Tropea, San Gerardo

Perdue dans une ruelle labyrinthique de Tropea. Ciel chargé, lumière particulière, qui rendait plus particulière encore cette cité, vestige de splendeurs passées, aux murs gorgés d’humidité, qui ne pouvait masquer sa lente chute, aseptiser une atmosphère de décomposition. Je n’ai pu faire taire les images du Parfum, ni les mots de Patrick Süskind, lors du premier regard, et de tous ceux qui ont suivi, sur cette insolite et belle petite ville calabraise. Je cherchais en vain un stylo, un semblant de papier. Besoin d’écrire, tenace, persistant. Comme une morsure.

Venus de loin, se rapprochant: bruits, sons, chants, trompettes et autres instruments, dans un mélange sourd, lourd, solennel. Disparu le Parfum, évanoui l’imaginaire et les odeurs de Süskind, supplantés brusquement par un monde nouveau, des références qui se bousculaient, sans que je puisse encore les identifier, tout comme la source qui les provoquait. Quel croisement, sous quelle voûte, à travers quelle place…?

Il est arrivé, où je ne l’attendais plus (mais l’attendais je vraiment ?) droite statue, posée tel un maître sur une une planche, décorée, portée par quatre hommes de noir vêtus. Procession lente, hommes et femmes, enfants. Chants et voix mêlées, discordantes, tout comme l’ensemble hétéroclite, et cacophonique, d’instruments. Un instantané surréaliste, des musiques d’Emir Kusturica, des images entrechoquées du Temps des Gitans et du Parrain. Ferveur, gravité, presque de la grâce. Au loin, nappé de brume sombre, le Stromboli semblait affronter San Gerardo. Moment hors du temps.

 

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