Palestine
Vertige de la page blanche. Mots qui se bousculent cependant, se chevauchent, s’annihilent. Mots auxquels se mêlent des images et des sons, des flashs aveuglants, une nausée sourde qui pulse, reflue, des larmes, de la colère, de la rage, de la haine, parfois. Impuissance douloureuse, tétanisante. Obsessions. Tempêtes intérieures. Submersions successives.
Palestine, Gaza, Hébron, Jérusalem…. A jamais liée, viscéralement. A jamais coupable d’avoir pu, de pouvoir si peu, si maladroitement. De posts Instagram en stories, republications, like intempestifs, emojis stériles. Création de pages Wikipédia, alimentation de pages existantes, lectures de romans, scroll, articles de presse, scroll, débats, JTs, scroll, nausées. Il y eut, et aura certes encore des participations à des manifestations, des discussions animées, des lettres ouvertes et autres pétitions signées. Mais rien qui ne puisse faire taire la culpabilité, rien qui ne brise l’impuissance.
Ces derniers jours, des mobilisations citoyennes se concrétisent : le voilier humanitaire Madleen appartenant à la « Coalition de la flottille pour la liberté », la « Freedom Flotilla », a quitté la Sicile le 1er juin. A son bord 12 militants engagés pour la cause palestinienne. Depuis 2010, la Freedom Flotilla a mené plusieurs campagnes maritimes visant à dénoncer et briser le blocus de Gaza, qui dure depuis 2007. L’objectif des missions est d’ouvrir un passage maritime humanitaire vers Gaza, sans contrôle israélien, dans une démarche politique et non violente.
La marche citoyenne internationale vers Gaza, March to Gaza, s’organise également. Mobilisation pacifique, dont l’un des objectifs principaux est de faire pression pour l’ouverture de la frontière de Rafah afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire essentielle vers Gaza. Le mouvement ne cesse de croître. Des milliers de personnes venues de plus de 35 pays se préparent à marcher le 15 juin d’Al-Arish, en Égypte, jusqu’à la frontière.
Mobilisations citoyennes, alors que les États sont dans l’incapacité de prendre des décisions fortes, d’appliquer des sanctions radicales, de condamner unilatéralement, de nommer l’innommable. Et il a fallu tant attendre avant que les voix étatiques s’élèvent, timidement. Assourdissant et incompréhensible silence, amplifié par les médias. Paradoxalement, silence peut-être trop compréhensible. Culpabilité, qui n’est cependant pas de même nature que la mienne.
… combler le vertige par les mots, des textes, recherches, croquis, aquarelles, liens vers des articles, ouvrages.
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