Islande
Me replongeant dans mes archives photos, je retrouve, au jour le jour, celles de notre premier voyage en Islande. Les souvenirs émergent, de manière parfois étonnement précise. Comme un récit qui se donne, se reconstruit, pas à pas, étape par étape. Comme une marche, une progression dans l’imaginaire et dans l’écriture. J’ai eu envie de revisiter ce séjour, me basant sur ces réminiscences, résonances, spontanées et nourries.
Ce séjour, nous l’avions rêvé, puis construit avec minutie. 10 jours de rando en complète autonomie, cela ne s’improvise pas…. Une carte, première prise de contact avec des lignes, courbes, noms qui chantent ou râpent, cours d’eau, glaciers, obstacles potentiels; et multitude de points d’interrogations qui fleurissent. Consultations de blog de voyageurs, dont l’un d’entre eux, qui malheureusement n’existe plus, fût particulièrement utile pour construire nos 11 étapes. Nous ne savions cependant rien de la condition physique de ces deux gars aventuriers, qui n’étaient de plus pas parti à la même saison que nous; tout comme nous ignorions si ces tracés au crayon, croix posées, allaient rencontrer de concrètes résistance, de pierres et d’eau, sur notre future aire de jeu. Achat d’une tente résistante, de repas lyophilisés, de matos divers. « Grammage » des rations de pâtes, céréales du matin, bouillon et lait en poudre. Nos vêtements même furent pesés, histoire d’alléger au maximum notre sac (oui, oui, c’était au sous-vêtement près…), qui au final pesait, au moment du départ, quelque 23 kg.
J’aime ces périodes qui précèdent le voyage, les doigts qui courent sur une carte, l’amoncellement de matériel hétéroclyte dans un pièce, un sac qui a l’air si ridiculement petit, mais au final dans lequel tout rentre, ou presque, l’impression des billets, le réveil tôt, si tôt, au moment du départ. J’aime, ne me lasse, et me demande, en ces temps incertains de mesures sanitaires qui bouffent les rêves, à quand le prochain voyage…
19.08.2012 / Etape 1
Route 225, de terre battue. Le chauffeur de bus nous regarde, un peu incrédule, lorsque nous lui demandons de s’arrêter, au milieu de nulle part. Je revois les visages d’autres randonneurs, en route jusqu’au Landmannalaugar, fronts contre vitre, regardant T. m’aider à hisser mon sac sur mes épaules. Nuage de poussière alors que le bus repart. Il est 11 heures.
13 km parcouru pour cette première étape qui rejoint le trail de Hellismannaleið , que nous allons suivre quelques jours. Je me souviens certes du poids du sac, de l’effort, de la marche lente; du mélange grisant d’excitation, d’incertitudes, les souffles chauds du début d’un voyage que n’estompait pas une bruine légère. Demeurent ces impressions premières, les alternances des paysages, passant de plaines de terre noire et grasse, à une explosion de couleurs brique, rouille et ocre alors que nous atteignons le cratère de Valagjá. Des collines verdoyantes, ondulantes, presque animales, ou plutôt animées, mouvantes; du vert et du jaune, de la mousse généreuse, de l’eau qui coule au milieu de roches volcaniques. Le paysage qui claque, s’ouvre, semble t’appeler.
Tente posée, après 6 heures de marche. Décor de rêve. Ivre de fatigue, et de joie aussi. Pluie légère. Chtttt.
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